Agricole, Éducation 1ᵉʳ novembre 2025
Réplication par culture de tissus
Un agriculteur canadien emprunte la voie haute technologie.
Texte et photos de Lorne McClinton
La plupart des agriculteurs démarrent avec une ferme familiale. Mais pour Don Northcott, ce chemin n'était tout simplement pas possible. Malgré sa passion pour l'agriculture, il savait qu'il lui faudrait une autre porte d'entrée dans l'industrie. Et c'est dans une boîte de Petri qu'il a trouvé sa voie.
Don Northcott ne correspond pas à l'image typique qu'on se fait d'un agriculteur. Il ne possède pas de vastes terres ni de moissonneuse-batteuse. Mais il cultive, à sa façon.
Installé à Clyde River, à l'Île-du-Prince-Édouard, il travaille à la fine pointe de la science végétale sur sa petite ferme, en serre et en laboratoire, sous le nom de Phytocultures Ltd. Son objectif : multiplier des variétés de pommes de terre de semence de qualité supérieure avec la culture de tissus : une technique de propagation en laboratoire qui permet de multiplier un plant de pomme de terre par dix chaque mois.
« Si on commence avec une plante mature [de pomme de terre], et qu'on la découpe en 10 morceaux le 1er janvier, on aura dix plants le 1er février », explique Don. « Si on répète l'opération avec chacun de ces plants, on finira avec 1 000 le 1er avril. On les fait ensuite croître pour produire des mini-tubercules. En quatre ans, on peut transformer une livre de mini-tubercules en une pleine remorque de camion. »
Au-dessus. Don Northcott extrait des embryons de sapin à partir de graines, puis les clone par embryogenèse somatique. Une partie est conservée dans l'azote liquide, l'autre est cultivée en arbres dans leur pépinière.
Don a commencé à travailler dans la culture de tissus dans les années 80 chez PEI Potato Board. Il a ensuite fondé sa propre entreprise et conçu de petites trousses de laboratoires pour la propagation végétale, qu'il a vendues à des entreprises de pommes de terre dans 25 pays à travers le monde.
Toujours à l'affût de nouvelles cultures à explorer, il a établi un partenariat avec la Dalhousie University pour produire un meilleur sapin de Noël. Il clone des embryons de graines avec l'embryogenèse somatique. Depuis un siècle, la Nouvelle-Écosse exporte des sapins de Noël à grande échelle. Aujourd'hui, les arbres sont coupés en octobre, emballés, placés dans des conteneurs réfrigérés, puis expédiés jusqu'à Dubaï. Mais un certain pourcentage des sapins perdent toutes leurs aiguilles dès qu'ils sont déballés à destination . . .
La plupart des sapins de Noël sont cultivés à partir de graines récoltées sur des arbres sauvages. Mais seulement 20 % deviendront des spécimens haut de gamme. C'est pourquoi Don collabore avec l'université et les producteurs d'arbres pour que les génétiques d'élite sélectionnées soient reproductibles et évolutives.
Le processus est rigoureux. D'abord, les obtenteurs croisent deux arbres supérieurs. Avant que les graines ne se durcissent, Don extrait de minuscules embryons appelés cal — de petites masses floues de cellules. Chacune de ces cellules a le potentiel de devenir une copie exacte de l'arbre original.
Une portion est conservée dans l'azote liquide pour un usage futur, tandis que le reste est stimulé à devenir des embryons, puis à évoluer en arbres. Leur pépinière peut facilement contenir des centaines de lignées clonales distinctes.
« Disons que le Clone no 52 est évalué et qu'on détermine qu'il offre la plus belle couleur, une forme idéale et une excellente rétention des aiguilles » explique Don. « On peut alors retourner au réservoir d'azote liquide, récupérer le Clone 52, le régénérer en cal, et ensuite produire des centaines de milliers de copies identiques. »
Ce procédé a un véritable impact économique. Une étude de North Carolina State University estime qu'un acre de sapins clonés améliorés pourrait générer le double des revenus d'une plantation standard après 8 à 10 ans.
Don a choisi une voie ultratechnologique vers l'agriculture : une approche microscopique, fondée sur la connaissance, connectée au monde entier et rentable. Le meilleur outil d'un agriculteur pourrait bien être . . . son cerveau. ‡
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