Agricole, Exploitation Agricole 1ᵉʳ novembre 2025
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Texte et photos de Lorne McClinton
La mort fait partie de la vie à la ferme. Même en prenant soin de leurs animaux, les producteurs doivent composer avec des pertes inévitables : quelques veaux et parfois une vache, quelques porcelets et une truie de temps à autre . . . et les moutons trouvent toujours des façons inattendues de mourir. Mais quelle est la meilleure façon de gérer les carcasses?
Avoir un processus adéquat est essentiel, tant pour prévenir la contamination de l'environnement que pour limiter la propagation de maladies. Plusieurs juridictions ont mis en place des règlements à cet effet, comme la Loi sur la gestion des éléments nutritifs en Ontario. Cette loi stipule que les producteurs doivent éliminer les carcasses dans un délai de 48 heures et énumèrent plusieurs options possibles : faire appel à un service de ramassage, composter, enterrer, incinérer, utiliser un conteneur de disposition, les acheminer à un digesteur anaérobie agréé ou à un site autorisé d'élimination ou encore les confier à un vétérinaire pour nécropsie et disposition.
Dave et Ruth Kloostra, propriétaires de Pine Tree Swine, une exploitation porcine située à Monkton, en Ontario, faisaient ramasser leurs carcasses par un service de collecte jusqu'en 2021. Mais devant la hausse des coûts et les risques de biosécurité, ils ont commencé à chercher d'autres solutions.
Ils ont décidé de construire un composteur à trois compartiments de 11 x 7,3 m pour disposer d'une plus grande capacité qu'avec les composteurs rotatifs. Ils ont pu obtenir une subvention gouvernementale pour les aider à financer le projet.
« En cas d'épidémie majeure, notre installation pourrait traiter 20 porcs en une seule journée », partage Dave.
Au-dessus. L'action microbienne du substrat du composteur — un mélange de copeaux de bois et de fumier de cheval — génère de la chaleur (55 à 60 °C). Elle transforme rapidement l'animal mort en un compost similaire à du terreau horticole.
Une publication de 2023 du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario par B. Groot-Nibbelink, H. Fraser et D. Ward (www.ontario.ca/page/farm-bin-composting-deadstock) décrit le compostage comme un processus naturel au cours duquel des micro-organismes (bactéries et champignons) décomposent les matières organiques. L'animal mort est transformé en un matériau stable, semblable à du terreau, qui peut être épandu sur les terres agricoles.
Pour que le compostage fonctionne correctement, il faut créer un substrat équilibré composé des bons rapports de carbone (C), azote (N), oxygène (O) et eau, afin de favoriser la croissance des micro-organismes. Le rapport idéal C:N se situe entre 20:1 et 30:1. Or, un animal mort affiche un rapport de 5:1, donc le mélange final (animal + substrat) doit viser un rapport de 25:1.
Le processus est simple : Dave commence par mettre des copeaux de bois et du fumier de cheval dans le composteur. L'action microbienne fait grimper la température entre 55 et 60 °C, créant un compost de démarrage. Ensuite, l'animal est déposé sur le compost d'un compartiment puis recouvert d'au moins 30 cm de compost chaud d'un autre compartiment.
« La clé, c'est de ne plus y toucher pendant au moins trois à six semaines », explique Dave. « Je peux y mettre un animal de 270 kg et, selon son emplacement dans le compartiment, il ne reste presque plus rien au bout de trois semaines. » Le compost est alors prêt à être réutilisé dans une autre cellule pour composter d'autres carcasses. « Comme je réutilise le compost, ça rend l'élimination de nos carcasses très peu coûteuse. »
Mis à part les coûts initiaux de construction du composteur, Dave affirme n'y avoir trouvé aucun inconvénient. Et tant que l'animal est recouvert d'au moins 30 cm de substrat, il n'y a aucune odeur. « Ça sent comme un composteur de jardin — une bonne odeur de terre. »
« L'odeur d'un animal mort me donne vraiment le haut-le-cœur, mais là, ça ne me dérange pas du tout », dit Dave. Cela signifie aussi qu'il n'y a pas d'odeur pour attirer les urubus ou les coyotes. ‡
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