Agricole, Spécialté/Niche/Créneau 1ᵉʳ mars 2025
Fraises hors-sol
Un producteur de fraises du Québec innove.
par Lorne McClinton
Le climat, les maladies fongiques et la pénurie de main-d'œuvre perturbent les producteurs de fraises du Canada depuis des années. Mais une technologie souvent utilisée pour les framboises pourrait apporter des solutions.
La production de framboises à longues tiges, c'est-à-dire en pots dans des tunnels surélevés, est une méthode très populaire depuis des années. Guy et Daniel Pouliot, de la Ferme Onésime Pouliot, sur l'Île d'Orléans, au Québec, font partie d'un groupe de producteurs qui tentent d'adapter cette méthode aux fraises. Ils transplantent les fraises dans des contenants montés sur une structure dans des tunnels surélevés. Les premières années ont été si fructueuses que les frères y consacrent de plus en plus d'hectares chaque année.
Les fraises, l'un des fruits les meilleurs pour la santé, sont aussi l'une des cultures les plus difficiles à cueillir à la main. Selon une étude de Komarnicki et Kuta (2021), la posture et l'inconfort des cueilleurs ont non seulement un impact significatif sur leur santé, mais aussi sur la productivité et la qualité des fruits récoltés.
La culture des fraises dans des contenants à hauteur de poitrine améliore grandement l'ergonomie de la cueillette, ainsi que la productivité.
« Nous récoltons les fraises hors-sol 1,33 fois plus vite qu'au niveau du sol », explique Valérie Bernier, directrice de recherche à la Ferme Pouliot. « Nous espérons augmenter ce rythme à 1,5 fois à mesure que notre processus s'améliore. »
Les tunnels hauts offrent également aux plantes beaucoup plus d'abri. Par exemple, la production en champ a été complètement inondée à la fin de 2024 après une série de tempêtes. La canopée et les contenants hors-sol ont permis aux plantes et aux baies de pousser hors de la boue.
La technologie les aide également à lutter contre les maladies fongiques. Cultiver les plants hors-sol réduit l'impact des maladies fongiques transmises par le sol, comme l'anthracnose. « Le fait que la pluie ne tombe pas sur la canopée réduit également considérablement le risque de maladie », explique Valérie. « Cultiver des fraises de cette façon nécessite un investissement important. Mais cela nous donne plus de contrôle sur la production. »
Au-dessus. Les tunnels hauts offrent aux plantes un meilleur abri. La protection contre la pluie réduit le risque de maladies. Et ce type de culture protège contre les maladies fongiques transmises par le sol comme l’anthracnose.
Les Pouliot ont constaté que cette technologie comporte ses défis. « C'est un système qui demande beaucoup de travail », explique Valérie. Les plants sont cultivés dans un substrat. Comme il n'y a pas de sol pour servir de tampon, il faut vérifier les plants plusieurs fois par jour pour s'assurer qu'il n'y a pas de bouchons et que le système de fertilisation les nourrit normalement.
Les plants ne peuvent pas durer pendant deux années consécutives dans ce type de système. Les plants de remplacement viennent de stolons grâce à la propagation végétative sans sol.
« Les plants en contenants ont plus de valeur que ceux cultivés en plein champ et sont plus productifs. Ils coûtent donc plus cher, presque un dollar par plant », explique Valérie. « Bien cultivés, ils donneront aussi un rendement plus élevé. Les fraises cultivées hors-sol sont également beaucoup plus grosses que celles cultivées en plein champ. Nous pensons que cette technologie permettra aux fraises d'être une culture plus stable à long terme. »
Un processus lent. Essayer d'éliminer tous les bugs du système prend du temps, la courte saison de croissance ne permet qu'un seul essai par an, explique Valérie. Ils recherchent encore la meilleure variété et évaluent les taux de fertirrigation.
« La protection des cultures a également une courbe d'apprentissage », explique Valérie. « Les maladies et les insectes ne sont pas nécessairement les mêmes que dans les champs ou apparaissent à un moment différent. L'oïdium est un problème plus important sous les tunnels hauts, mais les maladies du sol et le botrytis sont plus fréquents dans les champs. »
La production hors-sol ne remplacera probablement pas entièrement la production en plein champ, selon Valérie. Les deux sont complémentaires. La production très précoce, impossible sous les tunnels hauts, doit encore être réalisée au champ. ‡
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