LE SILLON

UNE PUBLICATION DE JOHN DEERE

John Posthumus est sourcier, pour le plaisir, depuis plus de 60 ans. Même à 97 ans, il partira à la recherche d’une eau souterraine en échange de quelques bouteilles de V8.

Agriculture Janvier 01, 2022

L’expert sourcier

John Posthumus est radiesthésiste de puits d’eau depuis plus de 60 ans.

par Lorne McClinton

Besoin d’un nouveau puits? Faites la queue! La sécheresse et la mise en valeur des superficies donnent lieu à une forte demande en puits d’eau en Amérique du Nord. Certains font appel à des sourciers pour en trouver un.

Les radiesthésistes ou sourciers utilisent des bâtons fourchus ou deux baguettes en métal pour localiser une source d’eau. Si certains jurent par cette méthode, d’autres affirment que c’est fantaisiste. La Société américaine des sourciers indique que la pratique existe depuis des millénaires. Dans les grottes de Tassili en Afrique du Nord, une fresque de 8000 ans montre un homme tenant un bâton en forme de Y.

Le monde rural connaît plus ou moins les sourciers, mais rares sont ceux à les avoir vus à l’œuvre. Pouvoir observer John Posthumus, sourcier de 97 ans et agriculteur à la retraite dans l’île Wolfe, en Ontario, en plein travail était un privilège rare. Depuis plus de 60 ans, il localise des puits à l’aide d’une baguette en forme de Y pour des centaines d’agriculteurs et de propriétaires de sa province.

« C’est en Europe que j’ai vu quelqu’un exercer la radiesthésie, raconte Posthumus d’une voix qui porte encore les traces de son héritage néerlandais, même s’il vit au Canada depuis 70 ans. « J’ai trouvé le concept intéressant et j’ai commencé à repérer des sources d’eau pour le plaisir. Le pouvoir de détection émane de l’intérieur de soi. Puis, l’aptitude vient avec la pratique. »

Sur un site, il faut d’abord demander l’emplacement des autres puits à proximité pour délimiter la zone de recherches. Si la région ne compte pas d’autres puits de qualité, il ne faudra pas s’attendre à des miracles.

En haut, de gauche à droite. John exerce ses facultés à l’aide d’un bâton en forme de Y. Il explique que le pouvoir de détection émane de soi.

Préférence au bois. « J’ai aussi des baguettes en acier, mais je préfère le bois », précise Posthumus. « En général, j’opte pour une branche fraîche de bouleau ou de pommier parce que l’écorce est lisse. Le bois doit être souple pour permettre au bâton de se tordre dans vos mains. »

Dès que Posthumus se lance à la recherche d’eau, son visage se crispe en un masque de concentration. Certains sourciers tiennent légèrement le bâton, mais pour John, les résultats sont meilleurs lorsqu’il le saisit fermement. En plantant un pied fermement dans le sol, il fait osciller le bâton dans un arc à l’avant de son corps. Puis il lève l’autre pied et avance d’un pas et fait osciller le bâton dans l’autre sens. À la détection d’une veine d’eau, le bâton se penchera vers le sol. Après avoir repéré la première veine, il essaiera toujours de localiser un croisement de deux veines. Cela double les chances de trouver de l’eau.

Même si Posthumus s’est intéressé à la radiesthésie juste après la Seconde Guerre mondiale, ce n’était qu’en amateur. C’est au début des années 1960 qu’il a cherché d’autres points d’eau sur sa ferme. Il s’est vite aperçu que le puits creusé à la main n’arriverait pas à répondre aux besoins après l’achat d’autres bovins.

« J’ai eu du mal à trouver de l’eau, explique Posthume. « Même en arpentant toute la zone autour la ferme et je ne trouvais pas d’eau de qualité. J’ai fait venir un confrère de Toronto, et malgré tous ses outils spécialisés, il n’a pas eu plus de chance que moi. Certains endroits n’ont pas d’eau. La méthode ou les outils n’y changeront rien. Notre ferme faisait partie de cas de figure. »

Il a fini par repérer un point d’eau à 1660 pieds dans son champ. Il reposait sur le substrat rocheux calcaire, comme beaucoup de puits peu profonds de l’île. Les puits étaient réputés pour manquer d’eau pendant les étés chauds et secs. Heureusement, la source d’eau se situait à 20 pieds de la surface du sol. Ils ont donc creusé un grand trou, procédé à l’encoffrement et puisé l’eau depuis ce point. La recherche en eau s’est avérée coûteuse, mais Posthume admet que rien ne vaut l’expérience du terrain. Depuis, il met son savoir à profit pour aider les autres.

Dennis O’Shea, de Kingston, en Ontario, a aussi pratiqué la radiesthésie pour repérer un point d’eau sur un terrain dont il avait hérité. Il a marqué l’emplacement d’une pierre, car il ne pouvait pas forer à ce moment-là.

Au dessus. Posthume a eu du mal à trouver un puits pour sa ferme. Le puits était dans une zone sans grande quantité d’eau souterraine. Il a repéré un puits idéal, situé à 1660 pieds au milieu d’un champ.

De l’eau affluait. « Cette année-là, j’étais prêt à forer, alors j’ai demandé à John Posthumus de venir », raconte O’Shea. « Il avait repéré le même endroit que nous et a ajouté que l’eau se trouvait à 40 pieds. Le foreur de puits a heurté l’eau à 140 pieds. L’eau était sous une telle pression que la foreuse a dévié du trou. Le débit a été testé à plus de 30 gallons par minute. Si vous collez l’oreille contre le tubage du puits, vous entendrez l’eau s’écouler. »

Les résultats sont-ils probants? L’Association nationale des eaux souterraines (NGWA) s’oppose au recours aux sourciers pour localiser les eaux souterraines sur le motif que les preuves expérimentales indiquent que la technique est sans fondement scientifique.

Il est difficile d’ignorer les résultats de certains sourciers quant à la localisation d’une source d’eau. Posthumus enregistre un taux de réussite de 95 % pour ce qui est de repérer des eaux souterraines autour de l’île. Mais, il ne garantit jamais qu’il trouvera de l’eau.

« Je sais que certains n’y croient pas, mais il doit y avoir une part de vrai », affirme Posthumus. « Les sourciers trouvent de l’eau. Sinon, pourquoi continuer à les embaucher après tout ce temps? » ‡