La belle vie

Demande en protéines et exigences des consommateurs.

par Steve Werblow

Pour des milliards d'individus dans le monde, une alimentation riche en protéines animales représente la belle vie. Alors que la population et les revenus augmentent, la demande en protéines augmente, tout comme les exigences concernant la façon dont elles sont produites.

Selon un article publié en 2017 par l'agence agricole irlandaise Teagasc, la consommation mondiale de protéines animales devrait augmenter de 32 % à 78 % d'ici 2050. Selon un site Web d'activisme environnemental, The World Counts, la consommation de viande doublera par rapport à 2008 pour atteindre 570 millions de tonnes d'ici cette année-là.

C'est une excellente nouvelle pour les éleveurs nord-américains. Les producteurs de porc canadiens exportent 90 % de leur production, et plus de la moitié du bœuf du pays est exporté. Les producteurs américains ont exporté 27,5 % de leur porc, 18 % de leur lait et de leur volaille et 15 % de leur bœuf. Selon Colin Woodall, PDG de la National Cattlemen's Beef Association (NCBA), la valeur de ces marchés d'exportation augmente.

« Avant, les exportations étaient axées sur nos spécialités : langues, cœurs, foies, rognons, etc. », explique-t-il. « De nos jours, la classe moyenne croissante dans le monde souhaite manger des protéines, mais des morceaux de meilleure qualité. Nous voyons donc le marché des filets, des faux-filets et des coupes de meilleure qualité se développer. »

Alors que les producteurs du monde entier se disputent ces nouveaux clients, nombre d'entre eux sont confrontés à une pression croissante pour réduire leur empreinte environnementale. En 2022, le gouvernement néerlandais a déboursé 26 millions de dollars pour réduire les émissions d'azote du secteur laitier, en partie en rachetant l'exploitation de nombreux agriculteurs. En 2023, le gouvernement danois a proposé une taxe de 100 dollars par tonne sur les émissions de carbone agricoles.

Au-dessus. Selon Omar Romo Jimenez, responsable des exportations du porc de Proan, les Japonais s'intéressent à l'empreinte environnementale de leur porc. Parmi leurs 12 000 Holstein, 5 500 sont élevées et traites dans des étables haute technologie. Les outils d'analyse comparative aident les éleveurs de volailles à mesurer les impacts environnementaux. Les œufs de Proan sont traçables jusqu'à la ferme. L'aquaculture se développe. Le bœuf américain s'est fixé des objectifs de durabilité audacieux. Jens Legarth de European Protein. Les haricots sont une source clé de protéines. Selon Andrea Stroeve-Sawa de Shipwheel Cattle Feeders en Alberta, la gestion holistique permet de stocker les pâtures à un taux six fois supérieur au taux local habituel.

Volontaires. Les éleveurs nord-américains veulent garder une longueur d'avance sur les régulateurs en adoptant des mesures volontaires. Les outils d'analyse comparative les aident à mesurer les impacts environnementaux des exploitations.

Le National Pork Producers Council a inclus la gestion environnementale dans ses six principes We Care, et les industries laitières et bovines américaines se sont fixé des objectifs audacieux de neutralité carbone.

Selon Colin, l'objectif d'un bœuf américain climatiquement neutre d'ici 2040 lance une conversation clé avec les régulateurs et les consommateurs.

« Nous souhaitons raconter ce que nous avons déjà fait et montrer très clairement que nous allons continuer à évoluer. »

Il ajoute que la clé pour atteindre ces objectifs est de maintenir les producteurs sur les terres, en séquestrant le carbone grâce aux cultures et à la végétation des pâturages.

Moins de déchets. La réduction des déchets est aussi clé pour améliorer l'empreinte environnementale. L'installation de Proan à San Juan de Lagos, dans l'État de Jalisco au Mexique, donne un aperçu de la mégaferme du futur, à haute efficacité et à faibles déchets.

Si ce n'était pour les énormes silos à grains et le flux constant de camions réfrigérés, vous penseriez qu'il s'agit d'un parc d'entreprise. Le complexe de Proan abrite des granges climatisées avec lever et coucher de soleil artificiels pour 5 500 Holstein. 32 millions d'œufs y sont pondus chaque jour et les emballages recyclés sont fabriqués sur place. Il y a un moulin qui mélange 500 tonnes d'aliments par heure, une boulangerie, une usine de crème glacée et une usine d'aliments pour animaux de compagnie. Un abattoir transforme 2 000 porcs par jour pour le Mexique, l'Asie, le Canada et les États-Unis. « Nous essayons d'utiliser tout le porc : sang, poils, ongles », explique Omar Romo, responsable des exportations de porc.

Les aliments aussi. Les marchés de l'alimentation animale évoluent aussi. L'aquaculture est en plein essor, une aubaine pour le marché de la farine de soja, aliment des poissons d'élevage. De plus, les algues s'avèrent utiles pour le bétail en raison de leur activité de réduction du méthane et de leurs micronutriments.

Le soja et le canola font peau neuve grâce à des processus tels que la fermentation à l'acide lactique à l'état solide de la société danoise European Protein, qui, selon le fondateur Jens Legarth, modifie la microflore intestinale pour améliorer l'efficacité alimentaire et la productivité.

« Nous pouvons montrer si l'intestin fonctionne correctement et réduire de 10 % les protéines alimentaires des truies », dit-il.

European Protein fermente même des produits à base de protéines végétales pour les humains. Le marché des substituts de viande d'origine végétale n'a pas décollé comme prévu, mais le Forum économique mondial prévoit qu'ils représenteraient 11 % du marché des protéines d'ici 2035. Cela bénéficie les producteurs de soja et de légumineuses et a stimulé les investissements de Danish Crown, une coopérative de 5 600 producteurs de bovins et de porcs.

« Nous nous considérons plus comme une entreprise alimentaire que comme une entreprise d'abattage », déclare Jais Valeur, PDG de Danish Crown. De toute évidence, la belle vie sera une affaire à multiples facettes. ‡